Pour aller plus loin sur l’histoire de la SFAADIR
Jusqu’à sa dissolution en 2006, l’ADIR publia un bulletin intitulé Voix et visages. L’ADIR fut présidée notamment par Anise Postel-Vinay et par Geneviève Anthonioz de Gaulle (de 1958 à sa mort en 2002), puis par Jacqueline Fleury, de 2002 à 2006.
L’ADIR : s’entraider et témoigner | Cairn.info
1. Une structure originale créée avant la fin de la guerre
Voir « L’Adir : s’entraider et témoigner » (Matériaux pour l’histoire de notre temps, n° 127-128, 1er semestre 2018 L’ADIR : s’entraider et témoigner | Cairn.info), par Anne-Marie Pavillard, ancienne bibliothécaire à la BDIC (aujourd’hui la Contemporaine) :
« L’ADIR a été précédée, dès octobre 1944, par la création d’une autre association de résistantes, l’Amicale des prisonnières de la Résistance (APR), à l’initiative de l’une d’elles, Irène Delmas (« Maryka » dans la Résistance) ». Dès la Libération de Paris, Irène Delmas lança un appel à la radio, « par fidélité à un engagement pris dans les cellules de la Santé en septembre 1942 », pour créer un groupe d’anciennes résistantes « sans distinction de parti ».
Elles sont 350 à répondre à cet appel et à se réunir à Paris en octobre 1944. L’objectif est de conserver vivant l’esprit de la Résistance, de se venir en aide et de préparer le retour de leurs camarades déportées. Un foyer est ainsi créé au 4 de la rue Guynemer, à Paris en face du jardin du Luxembourg.
Parallèlement à l’APR, un groupe de déportées avaient discuté entre elles, à Ravensbrück, de la création « d’une association qui leur permettrait de prolonger les liens noués dans les camps » : « Le projet de l’APR et celui des déportées se rejoignaient donc pleinement », observe Anne-Marie Pavillard. L’assemblée constitutive de l’ADIR a lieu le 4 novembre 1945.
L’une des fondatrices de l’ADIR note que « grâce à la bonne volonté de toutes, l’union nécessaire a immédiatement été possible entre femmes, alors que chez nos Camarades masculins, elle s’est fait attendre ». Ce constat justifie à lui seul la non-mixité de l’ADIR, héritée par ailleurs de la séparation entre hommes et femmes dans les prisons nazies et les camps de concentration.
2. Un cas unique dans les associations d’anciens résistants : le foyer de la rue Guynemer
Citons, là encore, le travail d’Anne-Marie Pavillard, ancienne bibliothécaire à la BDIC (aujourd’hui la Contemporaine) :
L’APR engage [dès 1944] des démarches auprès du ministère des Prisonniers, Déportés et Réfugiés et réussit à obtenir des subventions ainsi que l’octroi d’un grand immeuble, situé 4 rue Guynemer à Paris, occupé par les Allemands durant la guerre et réquisitionné par le gouvernement à la Libération. L’APR y met en place un ensemble de services – hébergement, cantine, foyer, service médical et social, vestiaire, bibliothèque… – rapidement prêts à accueillir les premières rapatriées. La plupart de ces services fonctionnent déjà avant le retour des déportées […]. C’est ainsi que le 9 avril 1945, lorsque les 300 premières Françaises libérées de Ravensbrück arrivent dans les camions de la Croix-Rouge internationale à la douane germano-suisse, à Constance, elles entendent une femme qui court d’un camion à l’autre en criant : « Une maison vous attend à Paris, c’est au 4 rue Guynemer ; au 4, rappelez-vous, vous y êtes attendues ! » C’est Maryka Delmas qui est venue les informer de cette « maison d’accueil », Maryka dont plusieurs ont connu le nom à la prison de la Santé ou à Fresnes ».
L’accueil offert par ce foyer, qui occupe deux étages de l’immeuble de la rue Guynemer, s’ajoute aux neuf maisons de convalescence ouvertes en Suisse entre 1945 et 1947 « grâce à des conférences de Geneviève de Gaulle en Suisse dès sa libération et au Don suisse ». Certaines déportées n’ont plus ni toit ni famille à leur sortie des camps : rue Guynemer, jusqu’à 80 personnes sont accueillies chaque nuit pendant les premiers mois. En 1948, le rapport moral de l’ADIR évalue à 445 le nombre de déportées hébergées dans le foyer depuis sa création.
Le foyer de la rue Guynemer offre bien plus qu’une solution d’hébergement : outre un service social et un service médical, il organise une cantine qui sert pour une somme modique un repas midi et soir, un « vestiaire » qui distribue plus de 10 000 pièces de vêtements et 1 500 paires de chaussures pendant les deux premières années, un atelier de formation professionnelle qui permet un nouveau départ à celles qui ont tout perdu. Sont également proposés des prêts et dons d’argent, des dons de meubles, de vaisselle, de batterie de cuisine… Cette solidarité active et concrète est un exemple unique dans l’histoire de la Résistance.
Au fil du temps, le service social de l’ADIR est sollicité par une autre activité : « la constitution de dossiers pour obtenir les titres et pensions auxquels tous les résistants, internés et déportés, ont droit ». « Défendre le dossier d’une femme est souvent plus difficile que défendre celui d’un homme », observe Anne-Marie Pavillard. Le devoir de témoigner, inscrit dès l’origine au cœur des missions de l’ADIR pour rendre hommage aux camarades restées dans les camps, est par la suite confronté au défi de l’oubli, puis du révisionnisme qui, au tournant des années 1980, nie la réalité des chambres à gaz. L’ADIR s’engage pour rétablir la vérité historique.
LISTE DES PRÉSIDENTES ET SECRÉTAIRES GÉNÉRALES DE L’ADIR
PRÉSIDENTES :
Irène DELMAS, présidente fondatrice
Jane SIVADON (de 1947 à 1949)
Anise POSTEL-VINAY (1950)
Irène DELMAS (de 1951 à 1957)
Geneviève de GAULLE-ANTHONIOZ (de 1958 à 2002)
Jacqueline FLEURY-MARIE (de 2002 à 2006)
SECRÉTAIRES GÉNÉRALES :
Claire DAVINROY ; Élisabeth DUSSAUSSE
Gabrielle FERRIÈRES (de 1949 à 1955)
Anise POSTEL-VINAY (de 1956 à 1957)
Anne-Marie BOUMIER (de 1958 à 1963)
Jacqueline SOUCHÈRE (de 1964 à 1968)
Jeannette L’HERMINIER (de 1969 à 1978)
Gabrièle FERRIERES (1979)
Suzanne HUGOUNENG (de 1980 à 1981)
Jeannette L’HERMINIER (1981-1982)
Jacqueline SOUCHÈRE (de 1983 à 1984)
Denise VERNAY (de 1996 à la fin de l’ADIR)